Nos nouvelles planches sont posées, enduites de sel, baignées de luttes. Nos mâts sont dressés, nos ponts polis et nos mains soignées. Nos équipages sont neufs, abreuvés de vibrante jeunesse. Nos chants sont dans nos gorges, nos histoires prêtes à ramer. Qui les entendra aura au ciel un soleil en ruban. Dans les nuages nageront des baleines et s'amuseront des méduses.

Bondissants entre les tempêtes, des gamins, des gamines joueront à trouver des arcs en ciel cousus par des cétacés colorés. Il y aura, pour ceux, pour celles qui entendent les histoires, un monde à partager. 

 

Nous prenons la mer, sans bouger de là. Quand tout fuit, que coulent les navires, nous devons rester là. Grimper à nos vigies et hurler nos ressacs. 

Quand les flots fous démontent, que se perdent les marins, nous devons rester là.

Allumer nos lanternes et réchauffer nos cales.

 

Nos cabines, nos loupiotes, nos vigies sont fortes parce qu'elles n'existent presque. Elles ont le nom de capitaines immortel.les, d'attrapeuses d'éclairs ou de bateaux volants. Nos forteresses sont invincibles, construites au cœur de nos fables.

Il y a pour celles, pour ceux qui viennent entendre les histoires, un monde à sculpter à la glaise de celui que l'on connaît. Il sera beau, nous aurons les mains couvertes de terre mais il sera beau.