Comme ils sont fiers, nos navires, comme elles sont belles, nos barques et nos caravelles.
Treize ans maintenant que nous dessinons nos propres cartes, que nous y jetons nos îles, royaume, à force d'équipage, de longues nuits et de mains abîmées. 

sous notre pavillon sont nées des jeunesse ; elles y ont grandi et grimpent maintenant, fougueuses, jusqu'en haut du gréement. Elles hissent des voiles que jamais nous n'aurions soupçonnées, trouvent des vents que nous n'avions pas sentis, nous font lever le nez pour regarder des oiseaux que nous ne connaissons pas. 

hélas, aux limites de notre monde, qui n'existe presque, il y a les vraies cités. Celles faites de ruines sur lesquelles nous serions supposé.e.s construire un futur. là-bas, des roitelets érigent des murs entre la mer et la terre, arment des palissades et envoient sur les flots des bâtiments de profits qui font la course entre eux.

alors nous avons fait la seule chose que nous pouvions faire : remplir un océan, à côté, caché dans nos histoires, blotti dans notre théâtre. et quand nous passons non loin des frontières qu'ils ont tracées sur nos cartes, nous brûlons de nous déverser sur leurs plages bondées pour y semer la joyeuse invention, l'urticante alternative la jeune fougue.

voilà nos armes ?
nous le savons, elles sont dérisoires et naÏves. quand les rois font tonner le canon, que pouvons-nous faire ? quand l'eau, le sel, le pain qu'ils possèdent valent tout l'or du monde, que nous reste-t-il ?

Il ne nous reste que nos déparcadères, pour partir avec celles et ceux qui le veulent. partir dans bouger de là, revenir rassasié.es avec aux lèvres un goût de large. voilà tout ce que nous pouvons faire : quand certains ouvrent des trous béants, efforçons-nous d'offrir des océans. 

​

Inspiré librement du manifeste des immergé.es, rédigé par la fédération des pirates du spectacle vivabt.